Pour réduire le manque d'expérience de nature


L'éducation nationale en France s'inscrit dans ce même mouvement de réduction des sorties dehors. Les classes de découverte sont nées en 1953 avec la première classe de neige qui avait pour but de remettre en forme des enfants des villes. Elles duraient 4 ou 3 semaines et leurs bénéfices furent largement valorisés (Mariet, Moreau et Porcher 1977 ; Giolitto 1978 ; Best 1984 ; Doucet 1974 ; Cottereau 1994, 2001).
Aujourd'hui un séjour avec quatre nuitées est un long séjour.

Avant cela Freinet avait inventé les sorties dans la nature pour aller y faire des observations. « La leçon de choses » faisait partie des programmes scolaires, elles constituaient « le paradigme de l'enseignement des sciences depuis que cet enseignement a été rendu obligatoire par Jules Ferry » en 1882 (Kahn, 2000, p. 9). Elles devaient permettre de mettre en œuvre « des exercices d'observation sur les 'choses' familières aux enfants : produits naturels, produits fabriqués, animaux, végétaux, phénomènes courants, outils, métiers ». Elles plaçaient les enfants devant les faits « afin qu'ils s'habituent à les observer attentivement et à les décrire de façon précise, c'est-à-dire à faire, dans la mesure de leurs moyens, la première opération de la science du monde extérieur, la seule qui leur soit accessible : l'observation." (Ibid., p. 14).

Dominique Bachelart l'avait remarqué « la situation est paradoxale pour le secteur de « l'éducation à l'environnement » : c'est dans la sphère informelle que s'acquiert la plupart des apprentissages jugés significatifs » reconnaissent les éducateurs à l'environnement en explicitant leurs propres histoires de vie et en explorant ainsi les leviers à leur engagement environnemental (2009-b). Alors qu'en éducation formelle on assiste à une véritable rupture dans l'éducation des enfants.
Michel Serres le résume avec acuité, « ce nouvel écolier, cette jeune étudiante n'a jamais vu veau, vache, cochon ni couvée » (2011), ils habitent la ville et le virtuel, leur cerveau se développe différemment du nôtre, ils parlent et écrivent un autre langage, ils pratiqueront d'autres métiers. Quel parcours proposer à ces « petites poucettes et petits poucets » comme il les appelle en les observant taper sur les touches de leurs téléphones mobiles à l'aide de leurs pouces ? Quel juste milieu trouver entre ce dont nous sommes faits, nous adultes d'une autre génération, et ce dont ils sont faits, eux, nés avec les écrans, les espaces virtuels, le téléphone en prolongement de la main. Sans doute nous faut-il être créatif pour faire le pendant à cette évolution sociétale qui nous échappe et que nous voulons quand même orienter dans un projet du vivre ensemble sur terre et pour longtemps. Cette recherche action qui associe chercheurs et éducateurs de façon très serrée voudraient participer à ce mouvement.